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Trans Carrier

Nom
Trans Carrier
Date de l'accident
23/02/2020
Lieu
Au large des côtes danoises
Zone du déversement
Pleine mer
Cause de l'accident
Conditions météo
Quantité transportée
26 t
Nature polluant
Granulés Plastiques Industriels (GPI). Nature des GPI : polypropylène (PP)
Quantité déversée
13,2 t
Type de navire / structure
Roulier
Date de construction
1994
Longueur
144 m
Largeur
20 m
Tirant d'eau
5 m
Pavillon
Bahamas
Propriétaire
Sea Trans
Numéro IMO
9007879

Le 23 février 2020, le navire alors en route entre Rotterdam (Pays-Bas) et Stavanger (Norvège) est pris dans une forte tempête au large des côtes danoises, provoquant l’endommagement d’un conteneur contenant des granulés de polypropylène. Au total, 13,2 tonnes de Granulés Plastiques Industriels (GPI) sur les 26 tonnes transportées par le Trans Carrier au moment de l’accident ont été déversées en mer du Nord.

Le déversement a provoqué la contamination du fjord d’Oslo et de la côte ouest suédoise, affectant environ 700 sites côtiers (Kystverket, 2020).

Les membres de l’équipage ont signalé l’incident directement aux autorités norvégiennes mais ont indiqué initialement un rejet limité. Par conséquent, aucune opération de lutte en mer n’a été mise en place.

Les arrivées de GPI sur les zones côtières ont été remarquées à la mi-mars 2020 dans le Fjord d’Oslo, soit 3 semaines après l’incident en mer. Les autorités norvégiennes ont effectué des modélisations des courants afin d’identifier d’autres potentielles zones de dépôts.

Les opérations de nettoyage ont débuté en mars 2020 pour les différentes municipalités et les volontaires suite à l’observation d’arrivages importants de GPI le 16 mars à Fredrikstad (Norvège). Le 7 mai 2020, une opération nationale fut lancée par la « Norwegian Coastal Administration (NCA) » du fait de la taille de la zone à couvrir et du nombre de sites contaminés. Dans un premier temps, la NCA et les comités municipaux se sont organisés afin d’inspecter les zones côtières pour identifier les zones d’arrivage et d’accumulation. Cette étape a permis de mettre en évidence l’influence primordiale des courants et des vents dans les trajectoires de déposition des GPI ce qui est en accord avec la faible densité du polypropylène lui conférant un comportement flottant.

Les opérations de nettoyage menées à partir de mars 2020 ont permis de tester et d’évaluer différentes techniques sur des zones présentant des profils géomorphologiques divers. Au total, quatre types de technique ont été testés sur neuf habitats différents : le ramassage manuel, le tamisage, la collecte à l’aide d’aspirateurs portatifs et véhicules d’aspiration, la séparation par flottaison utilisant la différence de densité entre les GPI, l’eau de mer et le sable. Afin de suivre efficacement les phases de nettoyage, la NCA a utilisé un code couleur pour suivre les avancés sur les différents sites.

La NCA a utilisé une règle empirique afin de décider de l’arrêt du nettoyage d’un site : si la quantité de GPI ramassée à la main ne dépasse pas 0,5 L par personne sur une journée alors le nettoyage est stoppé par les responsables. Au total, les norvégiens ont réussi à collecter 4,4 tonnes des 13,2 tonnes déversées dans l’environnement, représentant 10 000 heures de travail par les opérateurs impliqués.

Aucune information sur la gestion des GPI récoltés lors des opérations de nettoyage n’est à ce jour disponible à notre connaissance.

Des évaluations ont été effectuées sur des oiseaux et poissons afin d’identifier de potentiels impacts. Une cinquantaine de canards eiders ont été analysés par le « Norwegian Institute for Nature Research (NINA) » tandis que plus de 600 poissons (9 espèces côtières différentes) ont fait l’objet d’analyses stomacales par le « Institute of Marine Research ». Aucun lien n’a été trouvé entre la présence de GPI et l’augmentation de la mortalité hivernale des canards dans le fjord d’Oslo (présence de GPI dans seulement 2 canards sur les 50 animaux analysés) tandis qu’aucune ingestion de GPI n’a été observée chez les poissons, les scientifiques concluant sur l’absence d’impacts sur les oiseaux et poissons.

Principaux enseignements et recommandations

• La NCA recommande de vérifier dans premier temps les zones d’accumulation de déchets déjà référencées et qui devraient être les plus fortement touchées par les arrivées massives de GPI en cas d’arrivages à la côte. Ce travail de reconnaissance en amont est essentiel afin de prioriser les zones à nettoyer.
• La NCA a remarqué qu’une fois échoués sur les plages, les GPI ont eu tendance à s’accumuler dans les 15 premiers centimètres de sédiment en formant dans un premier temps une ceinture non-uniforme le long de la plage.
• Des conditions venteuses peuvent entraîner un déplacement rapide et facile des GPI (du fait de leur légèreté) bien au-delà de la plage et s’enfoncer dans la végétation. Il est à noter que cette végétation agît comme un piège à GPI et limite la distance de déplacement. A l’inverse, des conditions pluvieuses peuvent remobiliser les GPI et provoquer un redéploiement dans l’eau de mer et leur échouage sur un autre site. Dans ce contexte, les conditions météorologiques et la morphologie de la côte peuvent nécessiter une intervention rapide sous peine d’accroître significativement le temps de nettoyage. La NCA recommande la mise en œuvre du nettoyage du
littoral le plus rapidement possible après la période de reconnaissance. Les conditions météorologiques influencent également le processus de nettoyage qui présente une plus grande efficacité par temps sec et chaud (les sédiments et sols secs sont plus faciles à nettoyer). Toutefois, durant la période hivernale, la diminution de la biomasse végétale peut faciliter la récupération des GPI dans certains environnements difficilement accessibles/nettoyables sans risquer d’abimer les écosystèmes (e.g. prairie côtière).
• La NCA recommande de ne pas se fier aux apparences et de bien évaluer durant la reconnaissance initiale le niveau de contamination. En effet, des dépôts importants ne nécessitent pas forcément de longues opérations de nettoyage et inversement, des zones à priori faiblement contaminées peuvent l’être fortement, notamment lorsque les GPI sont dans la végétation ou dans des zones rocheuses, complexifiant la récupération.
• La NCA a également conclu sur l’impossibilité de récupérer la totalité des GPI déversés.

Dernière modification le 22/12/2023

Liens externes

Experience from the plastic pellets incident Trans Carrier, focusing on shoreline clean-up methods. Kystverket, 2020.

Plastic pellets spill pollutes Danish, Norwegian, Swedish coastlines. Kimo, 26 May 2020

Learning from experience – The Trans Carrier nurdle spill. Gard, 17 jan 2022

Accidental release of plastic pellets in the North Sea. Accord de Bonn, June 12th 2020

Pellets overboard – experiences from a plastics discharge. MARFO (Norwegian Centre against Marine Litter),1 march 2022

Hanssen, S.A., Christensen-Dalsgaard, S., Moe, B., Langset, M. & Anker-Nilssen, T. 2020. Investigations of dead eider ducks from outer Oslo fiord in connection with the leakage of plastic pellets M/V Trans Carrier. NINA Report 1881. Norwegian Institute for Nature Research.

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